Un dernier regard en refermant la porte. Dévaler les escaliers, vérifier qu'il y a les clés, les papiers, toujours perdus dans ce sac où l'on  ne trouve jamais rien. S'installer au poste de conduite. Mettre la clé sur le contact, brancher le mp3, choisir les morceaux à écouter le temps du trajet (en ce moment c'est Juli "Perfekte Welle" que mon amie la colocataire d'internat me faisait écouter), activer le starter, bien à fond, sinon ça ne marche pas: la voiture démarre enfin, elle ronfle. Un court instant seulement, après on ne l'entend (presque) plus. Manoeuvre puis direction le boulot. Traverser le village, en grognant (presque) à chaque fois parce qu'il y toujours un autre en face qui s'élance dans l'étroite rue où seule une voiture passe. Et puis c'est la route bosselée et sinueuse, alors on s'élance vite vite vite avant les autres voitures, celles des touristes qui conduisent toujours plus doucement. Espérer que la chance soit avec nous, pour une vitesse de pointe de 70 km/h, 50 km/h quand c'est la poisse. Plus souvent la poisse d'ailleurs. Le temps pour admirer le paysage déjà bien (trop) familier. La routine. Le panneau du village, quelques mètres, nous y voilà. Prête pour les larmes devant les échalotes, le tablier qui se salit, et toujours pas de visage sur les assiettes à envoyer.

Je rêve d'un jour pour faire autre chose, voir d'autres montagnes, ou pas de montagnes du tout aussi, étendre mes jambes au soleil, pour qu'elles espèrent juste un léger hâle.

Dans un mois on recommence le train-train de la ville.

Et c'est qui est dingue dans l'histoire, c'est que j'ai hâte que ça soit là.

Croqué par acces.au.bonheur

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